Comment prendre des décisions ?
Le Bateleur #40 [Édition gratuite d’août] - Tous les vendredis, des idées pour explorer la connaissance de soi et du monde. En 7 minutes de lecture - Gif et bande son inclus.
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L’idée est simple (et pas du tout révolutionnaire) : mettre mon expertise de l’écriture au service d’entreprises, d’entrepreneurs et d'artistes.
Pas une révolution dans la forme donc, mais dans le fond.
Mon travail repose sur l’écoute et l’analyse de votre univers pour vous proposer des textes vraiment uniques.
Si vous me lisez depuis quelque temps déjà, vous savez que j’attache une grande importance au choix des mots, au rythme et au vocabulaire.
Alors, si vous avez une histoire à raconter, une idée à partager ou un message à diffuser, on s'en parle vite ! 👇
Let’s dig in!
Kevin
3 raisonnements différents pour prendre des décisions importantes
Cet été, je suis tombé un peu par hasard sur L’insoutenable légèreté de l’être, roman écrit par Milan Kundera en 1984.
En y repensant, ce n’était pas vraiment le fruit du hasard. Mais plus celui d’une sérendipité choisie.
Alors que la chaleur étouffante de Montréal en juin m’ôtait toute culpabilité de ne pas sortir découvrir la ville, je m’autorisais quelques regards curieux sur la bibliothèque de mon hôte. Et cette couverture a tout de suite attiré mon attention.
Il faut dire que les éditions Gallimard des années 80 avaient quand même beaucoup plus de style. Pourquoi les couvertures de romans sont devenues si chiantes conventionnelles au fait ?
Voilà pour le récit de la rencontre. Le reste est l’histoire d’un coup de cœur.
Quand je lis, j’ai l’habitude de corner les pages quand un passage m’interpelle pour y revenir plus tard et noter les citations intéressantes. Il faudrait plutôt compter les pages que je n’ai pas cornées dans celui-ci.
Ce qui me fascine dans l’écriture de Kundera, c’est la précision et la justesse avec laquelle il analyse les sentiments humains. C’est le récit d’un sociologue autant que celui d’un romancier.
On s’identifie tellement à ses personnages, tiraillés entre la recherche de légèreté et la gravité des choix qui leur font face.
Un passage du roman m’a particulièrement marqué, et il a inspiré le sujet du jour :
En travaux pratique de physique, n’importe quel collégien peut faire des expériences pour vérifier l’exactitude d’une hypothèse scientifique.
Mais l’homme, parce qu’il n’a qu’une seule vie, n’a aucune possibilité de vérifier l’hypothèse par l’expérience de sorte qu’il ne saura jamais s’il a eu tort ou raison d’obéir à son sentiment.
Milan Kundera
Tout est dit sur l’origine des tourments humains.
Nos regrets, nos remords, viennent de cette chose si simple, mais si grave : nous n’avons qu’une seule vie.
Nous sommes suspendus, petites âmes perdues, aux hypothèses farfelues de nos autres vies potentielles : si j’avais fait ça, si j’étais parti, si j’étais resté. Les “si” gouvernent nos réalités parallèles et entretiennent le fantasme d’une vie sans limite, d’une vie d’immortel.
Quelque part, il faut dire que tout ça nous arrange bien.
N’est-il pas préférable que les rêves ne se frottent pas à la réalité pour qu’ils gardent tout leur éclat ?
C’est peut-être ça l’insoutenable légèreté dont Kundera nous parle, ce numéro d’équilibriste permanent auquel nous nous prêtons tous.
Rêveuses et rêveurs tentant d’échapper à la gravité du quotidien, mais toujours rattrapés par la dureté du réel.
L’heure du choix arrive tôt ou tard et vient sonner le glas des futurs illimités.
Alors, pour vous accompagner dans cette tâche si difficile, j’ai voulu vous partager aujourd’hui des manières de penser le choix différemment.
Comme d’habitude, je n’ai pas de recette magique à vous communiquer. En revanche, je crois au partage d’expériences.
Voilà les miennes sur l’idée du choix, en espérant qu’elles puissent vous éclairer.👇🏼
Choisir son futur avec la stratégie du min-max
Lorsque l’on choisit, on se concentre souvent sur le meilleur.
On veut obtenir le meilleur résultat possible d’une situation. On veut le meilleur job, le ou la partenaire idéale, le meilleur endroit pour partir en vacances….
Mais que veut dire obtenir “le meilleur” ?
La logique traditionnelle nous dit que “le meilleur”, c’est l’option qui nous apporte le plus grand bonheur potentiel.
Pourtant, il y a d’autres manières de regarder le problème.
On pourrait se dire que “le meilleur”, c’est l’option où la souffrance maximale potentielle est la moins grande, c’est-à-dire le choix dans lequel les pires moments seront les plus supportables.
Pour les curieux, cela renvoie à une approche de la théorie des jeux en micro-économie (en très simplifié). On peut optimiser une situation de deux manières différentes :
Chercher le “max-max” qui correspondrait à l’option où les gains maximum potentiels sont les plus élevés.
Chercher le min-max, la logique consistant à minimiser la perte maximale potentielle.
En résumé :
Au lieu de chercher toujours le bonheur le plus grand, on peut aussi se concentrer sur l’option qui minimise le niveau de déception potentielle, ce qui n’est pas la même chose.
Avec des exemples, ça sera plus parlant.
En 2018, j’ai quitté un job stable en CDI pour partir travailler dans un centre de plongée sous-marine aux Canaries.
J’ai bien mis 6 mois à prendre cette décision, et je n’étais pas (du tout) sûr de mon choix.
Quelques mois avant de quitter mon job, je suis parti rendre visite à un ami. Alors que je pratiquais la plongée sous-marine dans les pires conditions possibles (eau froide, pas de visibilité, zéro faune et flore…) j’éprouvais quand même du plaisir à être là, simplement dans l’eau.
Voilà le raisonnement que j’ai eu : si même dans les pires conditions, j’aime quand même pratiquer cette activité, alors dans des meilleures conditions, le plaisir ne sera que plus grand.
C’était une prise de décision basée sur la connaissance du pire déroulement possible et la manière dont on se sent, ou non capable de vivre avec ce scénario.
Choisir son partenaire avec la stratégie centrée sur soi
C’est une approche qui s’est révélée particulièrement utile dans la question amoureuse.
Dans ce choix crucial, j’ai longtemps eu tendance à m’oublier et à ne penser qu’à l’autre.
La personne est-elle bien pour moi ? Est-elle la meilleure option possible parmi toutes les potentialités infinies que le monde a à offrir ?
Mais je crois que la bonne question à se poser est celle-ci : est-ce que j’apprécie la version de moi-même qui se révèle aux côtés de cette personne ?
Nous jouons tous des rôles. Mais parfois, lorsque l’autre choisit une posture, il m’oblige à incarner une personne que je n’ai pas envie d’être.
Je crois qu’une question fondamentale pour faire un choix amoureux éclairé est celle-ci : est-ce que je me sens moi-même, à ma place avec cette personne ?
Rares sont les personnes qui vous laissent l’espace d’être vous-même. Et il faut les chérir.
En se concentrant sur sa propre image, en aimant cette version de soi-même qui grandit aux côtés de son ou sa partenaire, on est aussi plus en mesure d’aimer l’autre en retour.
Choisir son entourage proche avec la stratégie du “et toi ?”
Avec l’âge, le temps social devient précieux et on veut le passer en compagnie de personnes qui comptent vraiment pour nous.
Trop de personnes utilisent votre temps pour vous déverser leurs problèmes, sans jamais s’intéresser à vous. Oui, on en connaît tous…
Je dirais qu’il y a deux petits mots magiques qui changent tout : “et toi ?”.
Cette ouverture qui laisse la place à l’autre et qui montre qu’on s’intéresse un peu à sa vie et à ses difficultés.
En grandissant, je me rends compte que j’ai passé trop de temps avec des gens obsédés par leur propre narratif qui ne me retournent jamais la question.
Une réalisation qui m’a permis d’avancer : il faut s’entourer au maximum de personnes qui s’intéressent à vous avec sincérité et empathie.
Et surtout, il faut savoir faire de la place à ces personnes dans nos vies.
Bien sûr, c’est aussi à soi-même d’être ou de devenir cette personne pour nos proches qui comptent.
💬 Et toi ? :) comment prends-tu des décisions importantes dans ta vie ? Tu as repéré des schémas qui te permettent de prendre des décisions ? On s’en parle en commentaire ?
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A noter sur l’idée de min-max qu’il y a un biais cognitif bien connu qui dit que l’humain sera toujours plus sensible à ses pertes qu’à ses gains, et que ça oriente beaucoup ses décisions. Mettre en lumière le négatif est donc un bon moyen de simplifier la décision oui !
Moins on a confiance en soi et plus la prise de décision est difficile. Ta NL m'a donné envie de relire le roman OVNI de Kundera. Je l'avais emprunté à la médiathèque de ma ville et je l'ai oublié dans l'avion... Merci ces beaux partages du jour ! En particulier sur les relations amoureuses et les relations amicales, je te suis.