Ce que j'ai appris avec l'apnée sous-marine, la suite de ma sélection de livres et d'autres choses
Le Bateleur #19 - Tous les vendredis, des idées pour penser, inventer et se réinventer.
Édito : Somewhere, Beyond the sea
Vu de l’extérieur, il faut être un peu fou pour s’entourer d’une ceinture de plomb et descendre dans le bleu nuit de la mer.
C’est, dans les très grosses lignes, le principe de l’apnée sous-marine.
Mais si certain.es prennent autant de plaisir à passer sous la surface, c’est peut-être qu’il y a plus que ça. Il faut chercher du côté des symboles. On part explorer le monde, en profondeur.
Pour le contexte, j’ai eu la chance de partir en Egypte pour pratiquer cette discipline pendant une semaine en février. Je suis convaincu que cette pratique peut s’adresser à tous dans un cadre serein. Ça m’est surtout apparu comme un excellent moyen d’apprendre plein de choses sur mon propre fonctionnement physique et mental.
Une expérience qui m’a donné envie de vous partager quelques enseignements très concrets et d’autres plus spirituels…
Let’s dig in!
Kevin
🤿 Learnings : 3 enseignements autour de l’apnée sous-marine
L’apnée est avant tout une philosophie de vie, une approche holistique qui tente d’unir le corps, l’esprit et l’environnement.
L’immersion sous l’eau n’est que la toute fin de l’aventure.
Si vous n’êtes pas du tout familier avec ce sport, je vous invite à regarder le docu Netflix : Au plus profond qui retrace l’histoire d’une championne italienne d’apnée.
J’y trouve cependant un bémol : il ne montre que la partie extrême de la performance.
Pour faire une comparaison avec l’alpinisme, c’est comme si on ne racontait que l’ascension de l’Everest. Il y a plein d’ascensions moins dangereuses à faire et qui sont tout aussi agréables.
C’est dans cet état d’esprit là que j’ai eu envie de vous partager des choses que j’ai apprises pendant cette semaine de pratique. Un pêle-mêle de techniques concrètes et de réflexions plus profondes.
Alors, enfilez votre maillot et vos palmes, on y va !
#1 - Apprendre à faire baisser sa fréquence cardiaque
Avant de s’immerger, une grande partie du temps est dédiée à la préparation mentale et à la relaxation.
Un des prérequis est d’arriver à faire baisser sa fréquence cardiaque, car un cœur qui bat moins vite est un cœur qui consomme moins d’oxygène.
Et pour ça, on utilise deux techniques de respiration.
La respiration carrée : qui se comprend très bien par un schéma. L’exercice se pratique pendant 3 à 5 minutes, idéalement trois fois par jour.
La cohérence cardiaque : une variation de la respiration carrée sans les phases de pause. Elle consiste à inspirer et à expirer pendant le même nombre de secondes (généralement 4 ou 5) dans un cycle continu.
Pratiquer ces méthodes de respiration tous les jours a des bien faits assez incroyables. Les scientifiques notent :
une baisse de la production de cortisol (l’hormone du stress)
Une hausse de la production d’ocytocine, celle qu’on appelle l’hormone de l’amour.
Au niveau cérébral, elles entraînent une hausse du nombre d’ondes alpha favorisant un état d’éveil calme, la concentration, l’apprentissage et la mémorisation.
le renforcement du système immunitaire sur le long terme.
J’aime aussi ces exercices, car ils nous rappellent que nous ne sommes que de grandes plantes évolués dont le fonctionnement est assez rudimentaire.
De l’eau, de la lumière et une bonne oxygénation constituent la base de notre santé.
- Ressources -
#2 - (Ré)apprendre à respirer
Autre élément central de la préparation avant l’apnée : prendre une bonne inspiration avant de s’immerger. Simple me direz-vous, il suffit de remplir ses poumons.
Mais c’est généralement la partie la plus compliquée, car elle nécessite de réapprendre à respirer.
Il existe une bonne et une mauvaise manière de respirer. La bonne étant ce qu’on appelle la respiration diaphragmatique.
Dans diaphragmatique, il y a diaphragme. Et le diaphragme c’est cette petite membrane (un muscle) qui permet aux poumons de se remplir et de se vider. Le diaphragme s’abaisse quand on inspire, il crée de la place pour faire entrer de l’air par dépression. Il remonte lorsqu’on expire, pour chasser l’air.
Sauf que, dans la vie de tous les jours, on utilise peu notre diaphragme pour respirer. On a tendance à respirer avec le haut des poumons (par la respiration thoracique), ce qui donne généralement une sensation de souffle court.
Plus on est stressés, plus on a tendance à respirer comme ça, ce qui nourrit encore plus l’anxiété.
Au contraire, respirer avec le diaphragme permet d’augmenter le volume total d’air inspiré, en allant chercher plus d’espace libre dans les poumons. Il permet aussi de plus saturer nos cellules en oxygène, c’est-à-dire de mieux s’oxygéner.
Et pour comprendre comment respirer avec le diaphragme, rien de mieux qu’une vidéo explicative 👇
- Ressources -
#3 - La performance est une conséquence
Et je finirai par le partage d’un apprentissage un peu plus conceptuel.
Lorsque j’ai commencé l’activité, j’ai abordé l’apnée de cette manière : « avec de la motivation et de la volonté je peux descendre aussi bas que je veux. »
Sauf qu’en apnée, ça ne fonctionne pas. Et ça a été une réalisation un peu brutale pour quelqu’un comme moi qui fait les choses à l’énergie. Le problème, c’est que cette énergie, cette motivation, se transforme en tension dans le corps.
Dans notre centre d’entraînement, il y avait cette phrase écrite en très grosses lettres : la performance est une conséquence. J’ai mis quelques jours à vraiment la comprendre.
Pour réussir une immersion en apnée, il faut valider une série d’étapes :
Bien se relaxer
Soigner sa prise d’air
Réussir l’équilibrage des oreilles (un moyen de contrebalancer la pression qui s’exerce sur les tympans)
Décontracter son corps et ses muscles
Soigner sa posture sous l’eau
etc
En exécutant cette suite de micro-tâches avec application, il se trouve qu’on arrive en bas, parfois même en étant surpris de sa propre performance !
La performance est une conséquence de la bonne réalisation de toutes ces tâches.
Je retiens donc ceci : le meilleur moyen d’aller profond est de ne pas se concentrer sur la profondeur, mais sur les étapes pour y arriver.
Autrement formulé, le meilleur moyen d’atteindre un objectif n’est pas de concentrer toute son énergie sur le but, mais sur les étapes concrètes qui vont nous permettre d’y arriver.
Il faut les décomposer et prendre le temps de les faire avec méthode, rigueur et application. Voilà un peu la leçon que je ramène du fond des mers et que j’essaie de mettre en application dans mes projets professionnels.
Je vous laisse avec une photo du retour de mon immersion la plus profonde (23m) avec mon coach Seb (à gauche) de l’équipe d’Ocean Harmony.
C’est justement au moment où j’ai lâché prise sur mon objectif de profondeur que j’ai réussi à l’atteindre. (Plus d’images sur l’Insta du Bateleur)
📚 Sélection : la suite des 10 livres qui m’ont fait grandir
Si vous voulez retrouver la première partie de cet article et des éléments de contexte, rendez-vous dans l’édition de la semaine dernière.
6. Alain Damasio - La Horde du Contrevent (2004)
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