♠️ Mourir et renaître : apprendre à apprivoiser nos saisons intérieures
Le Bateleur #63 - Tous les vendredis, des idées pour explorer la connaissance de soi et du monde. En 7 minutes de lecture - Gif et bande son inclus.
Peut-on penser hors du langage ?
Je venais d’avoir 18 ans quand cette question, une première fois, m’a fait chauffer les neurones. Et j’avoue qu’elle continue parfois à me hanter. 🤓
C’est un drôle de paradoxe.
Chaque pensée semble bien s’incarner dans un mot, inséparable du langage qui lui donne forme.
Essayez donc de penser à une idée sans utiliser le mot qui la désigne. Difficile, non ?
Et pourtant, on a l’intuition qu’il existe quelque chose au-delà des mots.
Un ressenti brut, une expérience immédiate. On peut être triste sans penser sa tristesse, sans même la nommer. Mais dans ce cas… est-ce encore une pensée ? Ou bien une simple sensation ?
Si cette question est si complexe, c’est que langage et pensées sont intriqués bien plus profondément qu’on ne l’imagine.
Changer les mots, c’est souvent changer la manière dont on pense.
Prenez la novlangue de George Orwell dans 1984 : “La guerre, c’est la paix. La liberté, c’est l’esclavage. L’ignorance, c’est la force.” Les mots ne sont plus seulement des véhicules d’idées, ils deviennent des outils de contrôle des esprits.
Pas besoin d’aller chercher bien loin dans la science-fiction me direz-vous pour trouver des exemples. Aujourd’hui encore, sur la scène internationale, la bataille des mots précède celle des idées.
L’agressé devient un dictateur illégitime qui s’accroche au pouvoir, tandis que l’agresseur devient un défenseur de son territoire.
Le salut nazi devient un geste maladroit.
La science devient une opinion dont on peut se passer.
Les médias se transforment en fake news.
Bref, les mots sculptent la réalité autant qu’ils la décrivent.
La bonne nouvelle, c’est que l’on peut utiliser cette fonction de reprogrammation du langage dans un sens positif, comme un outil d’émancipation et d’ouverture d’esprit.
Car le langage n’est pas figé. Il n’existe pas une seule manière de structurer la pensée.
Nos langues occidentales nous conditionnent à voir le monde sous une forme binaire : masculin/féminin, jour/nuit, ombre/lumière. Deux pôles qui s’affrontent, une vision du monde segmentée, opposée, clivée.
Changer de cadre linguistique pourrait nous permettre de penser autrement.
D’autres cultures proposent une lecture différente.
La philosophie chinoise, par exemple, ne conçoit pas l’opposition comme une fracture, mais comme un tout en perpétuel mouvement.
C’est ce qui se cache derrière le fameux concept de Yin-Yang dont on entend beaucoup parler, mais souvent de manière confuse.
En réalité, Yin-Yang est un seul mot qui ne désigne pas une dualité figée, mais ce que Cyrille Javary, sinologue français et expert de la culture chinoise appelle l’unité changeante.
« Yin-Yang » est le nom donné en chinois au fonctionnement de tout le vivant. Cette unité changeante, ce mouvement incessant, cette danse de tout l’univers se dit en un seul mot.
Or, en français comme dans toutes les langues occidentales, « Yin » et « Yang » sont deux mots. Voilà où commence le quiproquo.
Cyrille Javary
La plupart des réflexions de cet article vont s’appuyer sur ses idées, en particulier son livre Yin-yang : la dynamique du monde dont je ne peux que vous conseiller la lecture !
Alors, que peut-on apprendre de cette vision et comment peut-elle être un outil pour penser au quotidien ?
Voilà le chemin que je vous propose d’explorer aujourd’hui !
Let’s dig in!🫡
Kevin
Mieux comprendre et appliquer la philosophie du Yin-Yang au quotidien
La danse du Yin-Yang
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