L’insupportable (mais captivant) reflet de l’être
Le Bateleur #58 - Tous les vendredis, des idées pour explorer la connaissance de soi et du monde. En 7 minutes de lecture - Gif et bande son inclus.
Cœur sanglant
J’ai un souci terrible et qui empiète de plus en plus sur ma vie et ça devient impossible en fait, je peux plus me supporter.
Quand je me vois sur le combo, cette petite machine où l’on peut vérifier la prise après avoir tourné, je peux plus supporter ma tête, mes cheveux, la vieillesse. Je me trouve empâté, je me trouve gros.
C’est devenu un supplice pour moi. Ne pas aller vérifier est un supplice, aller vérifier est un supplice.
J’ai plus d’issue, j’ai plus de sortie, je peux plus me présenter devant une caméra, elle voit trop de choses que j’essaie de cacher.
Et puis rester des heures à attendre, des minutes à attendre quand on les additionne, pour refaire 30 fois la même chose.
Qu’est-ce qui m’a pris, pourquoi je m’en suis pas rendu compte il y a 40 ans. J’ai qu’une vie ! J’ai qu’une vie !
Je pense à tout ça quand je tourne, de plus en plus. De moins en moins à la prise que je vais faire, de plus en plus à mon attente, à mon utilité dans la vie, sur un plateau.
À quoi je sers ? Mais à quoi tu sers Vincent ? À quoi tu sers ?
Ces mots sont ceux de l’acteur Vincent Lindon qui partage un témoignage assez touchant dans ce superbe reportage Arte Cœur sanglant - que je vous conseille vivement de regarder juste après avoir terminé la lecture du Bateleur.
Ce passage m’a particulièrement frappé. Il met en lumière une lutte silencieuse que nous menons tous, à des degrés divers : celle du face-à-face avec soi-même.
Pas seulement l’image que nous renvoyons aux autres, mais celle que nous percevons de nous-même, sans filtre, sans mise en scène.
Se voir, c’est s’affronter.
Un miroir, une caméra, un reflet dans une vitrine… Il suffit parfois d’un simple regard pour déclencher un flot de jugements.
Trop vieux. Trop gros. Trop mince. Trop ridicule.
Pourtant, malgré cette difficulté à nous regarder, nous recherchons sans cesse notre propre image.
Allez sans mentir, quelle est la première personne que vous regardez quand vous tombez sur une photo de groupe ? Vous-même. (En tout cas moi, je l’avoue).
Nous sommes comme envoûtés par notre reflet.
Mais d’où vient ce paradoxe ? Pourquoi le reflet que nous voyons nous semble-t-il toujours en décalage avec celui que nous espérions voir ?
C’est ce que nous allons explorer aujourd’hui dans ce voyage de l’autre côté du miroir…
Let’s dig in! 🫡
Kevin
L’épreuve du miroir : en tête à tête avec soi-même

Aux origines du malaise : Lacan, Narcisse et le piège du reflet
Souvenez-vous de la première fois que vous vous êtes regardé dans un miroir...
Bon, pas évident comme exercice. Personnellement, je ne m’en souviens pas. Pourtant, les psychanalystes s’accordent à dire que ce moment joue un rôle clé dans la construction de notre identité.
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