Le Bateleur

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♠️ Ce dont les IA nous privent

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Le Bateleur #74 - Tous les vendredis, des idées pour explorer la connaissance de soi et du monde. En 7 minutes de lecture - Gif et bande son inclus.

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Kevin Pujol
juin 13, 2025
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♠️ Ce dont les IA nous privent
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« C’est le temps que tu as perdu pour ta rose qui fait ta rose si importante. »

Le Petit Prince - Antoine de Saint-Exupéry

J’aurais pu terminer cette édition ici. Juste cette phrase, tout est dit.

Terminer, bonsoir, on clique sur la petite croix en haut à droite et on retourne à ses occupations. Sachez que vous avez lu là l’essentiel, mais tâchons quand même de creuser le propos.

De quoi l’utilisation des IA à grande échelle nous priverait-elle ? De puissance et de jouissance.

Je m’explique.

Faire écrire une IA, ce n’est pas écrire. Faire faire, ce n’est pas faire.

Faire faire, c’est exercer le pouvoir d’un roi qui délègue des tâches à ses sujets. Mais ce n’est pas manifester sa puissance d’être.

La puissance, c’est la capacité d’exercer son pouvoir soi-même, de faire avec ce que l’on a. Son cerveau, ses muscles, ses doigts, ses idées du moment.

Paradoxe donc, les IA nous gorgent de pouvoir, de capacité à faire faire, comme des canards gavés à l’approche de Noël. Mais dans le même mouvement, elles affaiblissent notre puissance.

Et surtout, elles réduisent le plaisir et la fierté d’exercer cette puissance.

La fierté de relire un texte qu’on a façonné. Le plaisir de surfer sur la vague de l’inspiration. Le plaisir de la glisse des mots, du rythme qui vibre, du souffle qu’on suit.

Je vous parle ici de l’écriture, mais on pourrait l’adapter à toutes les autres formes de création.

À force de déléguer, le risque est là : celui de devenir de grands frustrés, inaccomplis, non pas par manque de résultats, mais parce que nous n’accomplissons plus rien.

Une frustration que nous confierons plus tard, ironie du sort, à ces mêmes machines qui accomplissent nos tâches.

Ces nouveaux thérapeutes qui jouent le double rôle totalement schizophrénique de gardien/psychiatre de la prison que nous avons nous-mêmes construit.

Imaginez un peu la conversation :

-Patient n°24601 : je sais pas ce que j’ai… je me sens pas bien ces jours-ci.

-IA thérapeute : c’est parce que tu ne fais plus rien qui te rend heureux.

-Patient n°24601 : mais que dois-je faire pour aller mieux ?

-IA thérapeute : et si tu te remettais à faire des choses toi-même… Tiens par exemple, dessine-moi un mouton.

It’s so fucked up et poétique à la fois.

Let’s dig in! 🫡

Kevin

PS : Ce texte a été écrit sans IA. Il est donc probablement affublé de répétitions, de tournures imparfaites, de mots pas au bon endroit, et même (3…2…1 infarctus des académiciens) de quelques mots en anglais et autres fautes d’orthographe - j’espère le moins possible.

Il m’a quand même apporté une chose essentielle : la satisfaction du travail (bien) fait soi-même.

Et ça, je réalise que ça n’a pas de prix !

L’Académie française qui tombe sur mon édito.

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Le plaisir paradoxal de l’effort

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